dimanche 26 mai 2013

Benoît et le grand tour (80)

 

 Cocasse situation quand Hubert soulevant sa robe chevauchant une charmante jeune fille laissant partir sa virginité dans la fureur de ce carnaval. Deux filles dans un face à face torride attisèrent bien des passions. Chaque jour, afin de ne pas être trop vite découvert, nos compères changeaient de signe de reconnaissances, de tenues.

 Venise était dans un carnaval semi permanent, ils purent s’en rendre compte dans la période automnale où l’un de ceux-ci entre octobre et décembre s’y déroulait. Mais c’est celui du cœur de l’hiver qui trouvait grâce à leurs yeux. Le célèbre Vol de l’Ange en ouverture était exécuté par une colombe géante en bois qui déversait fleurs et confettis sur la foule réunie en place Saint-Marc. Suite à la chute mortelle du voltigeur en 1759 qui s’écrasa au sol, la décision de le remplacer par cette nouvelle représentation a été prise.

 C’était aussi le moment où quelques vengeances avaient lieux et sous les habits exubérants des dagues se cachaient attendant l’heure de frapper… Des maris jaloux ne manquaient de surprendre la dame volage et de lui faire son affaire, ou, et à son amant par la même occasion. Le carnaval n’était pas aussi joyeux que l’apparence le laissait entendre. Il ne s’en fallut de peu que le marquis, confondu à l’épouse d’un riche marchand, n’y laissa la sienne, il dut son salut en exhibant ses attributs masculin qu’un sbire venu l’occire ne manqua pas d’en alléger les bourses. Florilège de la jeunesse, ils passèrent cette épreuve Vénitienne haut la main, enfin presque, deux bonnes journées à la farniente pour les remettre sur pied. Benoît semblait plus solide, plus résistant, il mit à profit ce répit pour confectionner d’autres bijoux et pommeaux de cannes, une commande faite par un armateur, ce qui eu pour effet d’arrondir généreusement d’espèces sonnantes et trébuchantes la caisse qui lui permettait, leurs permettaient d’avancer dans ce voyage sans soucis pour le financer, bien que là aussi tout étant prévu, c’était plus une grosse prime qui les sécurisait.

 Au fur et à mesure que les jours passaient, ils formaient de plus en  plus un couple. Ceux qui les connaissaient à peine, juste du regard, disaient qu’ils étaient comme des jumeaux, pourtant peux de ressemblance, c’était sans doute plus par la fusion qui régnait entre eux que l’aspect physique. Mais c’est plus Hubert qui affirmait sa féminité entre eux, le travestissement durant ce carnaval laissa en lui ses traces.


 




samedi 25 mai 2013

Benoît et le grand tour (79)

 
 Hubert en eut un autre choix, il trouva une belle robe, elle aussi en velours, il hésitât entre les couleurs bleue et verte opaline. Les reflets sans doute y sont pour beaucoup, il s’était agrémenté d’un bustier rembourré imitant une poitrine généreuse, finalement il prit les deux robes. Benoît sera de corvée pour faire et défaire les lacets cet objet de torture, la première fois qu’il l’entrevit dans ce déguisement, il ne put retenir un fou rire qui c’était emparé de lui. Hubert ne pris pas ombrages du délire de son compagnon. Déjà qu’il avait une belle silhouette, ainsi grimé il en devenait encore plus attirant !

 Pour eux un signe distinctif afin qu’il se reconnaisse dans cette foule en déambulation au cas où ils seraient séparé par un mouvement agité de celle-ci. Hubert ne manqua pas de recevoir quelques mains baladeuses sur son fessier. La main de Benoît passa par là, mais aussi il entrepris d’autres postérieures qui enjouaient des donzelles de tous rangs, présentent dans ces jours de fêtes.

 Hubert, outre les mains baladeuses, perçut les visites hardis de quelques mâles en désirs de rondeur bien charnues du à sa chute de rein. Il y eu bien des surprises pour certains qui soulevant la robe dans un face à face se retrouvèrent avec la présence d’un animal qui était comme eux. Si il y eu des abandons, beaucoup poussèrent le bouchon plus loin, l’entrainant dans un corridor et s’occupèrent du verso. Benoît ne manqua l’opération et l’entrepris dans l’encoignure d’un porche, la foule passant sous leurs yeux n’y prêtait pas attention, des couples se besognant n’étaient pas rare dans cette cohue où les délires pouvaient exprimer leur expression. La folle sarabande déroulait son ruban dans les rues, ruelles du Rialto et des autres îles, les canaux aux gondoles chargées d’Arlequins, Colombines et autres Scaramouche glissaient d’iles en îles. L’enchevêtrement des corps se dessinait tout au long des parcours. Doges, princes, bourgeois ou gueux dans cette période où chacun voyaient ses rêves vivres en réalités. Le gueux prenant d’assaut l’entrecuisse d’une princesse. Chacun derrière ses déguisements trouvaient une identité qui n’était plus la sienne, courant le risque de se retrouver dans des situations rocambolesques. Le jeune marquis n’était pas le seul mâle à être besogné du fondement, cela ne semblait pas les gêner pas plus que la respectabilité qu’ils avaient n’eût à en souffrir. Sans être une obligation, le rituel ne pouvait pas se dérober et il fallait faire bonne figure contre mauvais cœur. 


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mercredi 22 mai 2013

Benoît et le grand tour (78)

 

Ce plonger dans les traces de Virgile ou Dante, voir Boccace, après une heure de lecture ­— ils y reviendront souvent — direction un musée retraçant la vie de la cité des Doges, et des œuvres d’artistes de la renaissances. Ils en profitent, et ce qu’ils aiment c’est ces soirées masquées donné dans des demeures bourgeoises ou aristocratiques. 

Elles ne sont pas toujours aussi gaies que cela veux bien le laisser entendre, parfois des règlements de comptes surviennent, les déguisements sont propices à les dissimuler, dagues et poignards font leurs œuvres, les rues mal éclairées offraient aussi son pesant de victimes qui une fois occis par la blancheur des lames se retrouvaient à flotter sur l’onde des canaux. Mari trompé exécutant lui même la sentence envers l’amant ou utilisant des sbires gracieusement payé, un conflit d’intérêt commercial pouvait aussi ce régler de la sorte, voir les influences politiques qui n’étaient pas des plus tendre non plus. Des dossiers comme eux s’empilaient sur le plateau des bureaux du service de la sécurité.

 Les nuits de décembre s’effilaient à la queue leu-leu, Noël montra sa veillée, la messe de minuit de rigueur et les festivités le jour même chez le comte qui les invita à sa table, invitation qu’ils ne refusèrent pas. Malvoisin aussi eu sa part, mais pas à la même table, avec la domesticité. Bien que la mode des cadeaux ne soit pas de ce temps, ce n’est pas les mains vident qu’ils se présentent chez leur hôte. Une plante fleurie et quelques friandises accompagnaient la visite, Benoît, habile au dessin, avait tiré des esquisses de portraits féminins de la maison, il les peaufina avant de leur offrir. C’est vrai que durant ce séjour les jours de pluies les clouaient dans l’appartement qu’ils avaient loué. La confection de bijoux aussi eue droit à ses heures  d’ouvrages, il en vendit à l’entourage du comte et parfois sous le manteau. La ville ne manque pas d’orfèvres en la matière, mais l’originalité de son travail attirait bien des convoitises d’acquisition, cela lui rapporta pas mal d’espèces sonnantes et trébuchantes, toutefois il demeurait prudent n’ayant pas pignon sur rue, le risque de donner à manger à la faune maritime ne lui plaisait pas plus que cela.

 La ville se prête aussi bien volontiers à la débauche des corps lors de ces soirées masquées où les robes retroussées dans les recoins sombres laissaient les gaillards s’aventurer en les lieux. C’était aussi sans compter avec les lupanars en tous genres, passer allègrement entre les cuisses d’une femme à l’entre fesse d’un garçon, Benoît et Hubert ne dérogèrent pas à la règle, d’ailleurs n’étaient ils pas venus à Venise un peu dans ce but sous la couverture de l’enrichissement culturelle.

 Janvier préparait le carnaval. Chacun de leur coté trouvèrent de quoi agrémenter cette période. Benoît avait dégoté une tenue bleue en velours  au reflets soyeux, le masque en papier mâché, inévitable accessoire, représentant le visage de Scaramouche, la coiffe rouge grenat et noir et des bas blancs remontant jusqu’aux mollets enserrant le pantalon, sans oublier les escarpins à boucle.


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mardi 21 mai 2013

Benoît et le grand tour (77)

 

 Benoît en profite pour s’emparer de ses lèvres, de le bécoter amoureusement, le marquis se détendit. Caressé avec envie, Hubert s’appuya contre un pan de mur, Benoît lui baissa le pantalon en dessous des fesses, bien dressé, tendu, il le pénétra, drôle d’endroit pour exprimer l’acte de possession sur son amant, qui sait si cela n’était pas une ancienne officine notarial ! Le marquis loin de se laisser emporter par une quelconque passivité l’accompagnait gaillardement dans la danse du bassin de son complice, c’est qu’il l’aimait son Benoît, il savait qu’un   jour ou l’autre tout cela finirai, que leur relation se clairsemera dans le temps. L’atmosphère qui les enveloppait en est un signe précurseur de cette espace opaque qui les éloignera dans cette relation charnel. Fini cet ébat bucolique dans un monde brumeux où même leur rapport semble des plus étrange sans pourtant qu’il n’y ai aucune anormalité à cela, la société de l’époque se partageait déjà sur la place à donner à l’homosexualité, ils reprenaient la visite du secteur. Après avoir bien déambulé dans les décombres fantomatiques ils se retrouvent à l’embarcadère. San Marco s’ouvre à leur regard, au bout d’un long effort de leur bras sur les rames de la barque. Hubert, bien qu’il eu trouvé la relation des plus agréables, n’en revenait toujours pas de l’audace pour cet ébat.
– Toi, tu ne perds rien pour attendre, je vais m’occuper de tes entrailles entre les draps.
Benoît est prévenu. Ce lieu  sinistre, qu’ils avaient quitté, cimentait d’autant leur amour, c’était le marqueur de leur vie, un de ces endroits que l’on oublie jamais, il partira avec eux dans le long voyage du Styx, c’est ce qui les unira jusqu’au bout du chemin de la vie, rejoignant ainsi l’autre esse sur leur peau, leur âme, celui de Potsdam.
 Venise est la ville où ils vécurent en total liberté, celle des désirs charnel, de l’amusement, de la découverte, de vivre des moments intenses d’Opéra dans le théâtre San Benedetto (qui brûlera une décennie plus tard, remplacé par La Fenice). Ils se cultivaient tant d’un point de vue culturel que des plaisirs. Hubert fût recommandé à un notable qu’ils saluèrent et visitèrent souvent, tout en appréciant la sympathie de l’invitation de les héberger, nos voyageurs préfèrent une location plus indépendante, c’est la même personne qui leur trouva ce qu’ils cherchaient, ma fois sans être une supercherie, le notable en est le propriétaire. Des dorures qui pourtant leurs étaient destiné, ils choisirent d’en vivre en marge. Il neige sur Venise, cela arrive et met la ville dans un écrin soyeux d’une belle blancheur, état qui ne dure pas par les déplacements pédestres qui se produit, il faut profiter de ce spectacle que la nature offre au petit matin, soulever le couvercle de la boite à bijou et voir l’éclat de ce joyau éphémère. Bravant les caprices du ciel, le vent cinglant les visages de ceux qui s’aventure sur les canaux et dans les rues de la ville. Ils marchent dans ces ruelles étroites qui puent le danger à chaque recoin, ne s’en préoccupant pas, l’attirance d’une bibliothèque les accapara plus fortement. 



Toile de Ippolito Caffi (1809-1866)


samedi 18 mai 2013

Benoît et le grand tour (76)

 
Bien qu’il fût plus avancé dans l’âge que les jeunes, il n’en a pas été moins impressionné, il se signait à chaque  dalle ayant la gueule ouverte, il ne les suivra plus sur ce parcours, ce qui les arrangeait, notamment  lors d’un eux. Benoît et Hubert s’étaient accoutumé au secteur, il ne manquait pas un soir d’une semaine où ils y passèrent, que venaient ils chercher entre les dédales du lieu. Décembre, il fait froid, humide, la brume donnait une impression  esthétique différente, théâtrale, un flou sur les bâtisses plus sombre encore, une sorte de procession d’êtres informes, impossible de distingué un homme d’une femme, des masses dont on ne voyaient la tête, des troncs. Ils s’aventurèrent à suivre ce drôle de cortège, au loin dansait des feux follets au cœur d’un monde plus sinistre, plus sombre, était-ce leurs yeux qui finissaient de les porter dans un délire fiévreux, ou d’un débordement du à l’excès d’alcool. Parfois ils ne les voyaient plus, puis ils réapparaissaient, ces lueurs dansantes dans des jeux de couleurs, ils s’aperçurent que c’était l’effet de torches se consumant derrière les vitraux d’une église, ils suivirent les ombres dans le sanctuaire religieux, des chandelles s’agitaient devant les statues de divers personnages bibliques, ce ballet de flammes dans leurs mirettes fini de les étonner. Un chant venant d’un lieu indéfinissable dans la nef les envahi, ils prirent place dans une rangé et suivirent l’office, pas grands monde dans la nef. Ces âmes présentent ressemblaient plus à des zombies, à des cabossés de la vie, à croire qu’ils étaient sorties des tombeaux et venaient continuer leurs dévotions religieuses. Ils restèrent jusqu’au bout de l’office, pas trop long elle était déjà bien entamée. Les fantômes vivants étaient absorbés par l’épais brouillard ambiant, ils disparaissaient au sortir de l’église, Benoît et Hubert s’attardèrent, seul le curé et des enfants de chœur fermaient la marche, les gamins à leurs tours sont avalé par la brume et s’évanouissent du paysage, le père barricade le lieu et fait comme les autres en partant vers sa curie, le rideau sans être déchiré est franchi, ils ne le voient plus tout en restant planté sur le parvis de la bâtisse, ils étaient comme englué dans ce décor, enfin ils bougèrent vers un endroit qui n’avait pas encore reçut leur visite, une palissade plus ou moins déglinguée est dressée devant ce lieu encore vierge pour eux, ils glissent entre des planches béantes franchissant le seuil d’un monde nouveau tout aussi lugubre et incongru que ce chemin qui traversait le cimetière. Une bâtisse dont la toiture reposait sur le sol, les murs délabrés et s’enfonçant sur un côté donnait un air penché à ce bâtiment  éventré, il est loin des marques de puissances d’anciens personnages de hautes importance qui l’ont habité. Ils se risquèrent entre ces ruines. L’envol d’un oiseau nocturne, dérangé par ses visiteurs inattendus, surpris Hubert qui se blotti contre Benoît, lui souriait, de faite ils restèrent un instant enlacé. 

 
Photo du web. place St-Marc au 18ème siècle


vendredi 17 mai 2013

Benoît et le grand tour (75)


Il était loin le temps de son rayonnement, de sa puissance sur la méditerranée, Venise ne se mêlait plus des discordes du bassin, elle semblait fatiguée, usée par cette marmaille trop turbulente. Son désir de vivre plus calmement, plus en douceur, elle voulait se pomponner, trouver une autre façon de faire briller son éclat, elle le fera par sa générosité envers son peuple en matière de culture qui débordera de son cercle, l’audace semblait gagnée. L’aristocrate venant de diverses nations du continent et da la grande île en faisait un endroit incontournable pour l’épanouissement, tant culturel que des plaisirs. L’art musical, l’Opéra était ouvert à tous les habitants avec une politique d’entre- aide, de gratuité pour les plus démunis. C’est aussi une ville où la fête est sa maîtresse, outre le carnaval (semi permanent), La Sensa qui se fête le dimanche de l’ascension, tradition du mariage des Doges avec la mer. Celle des Maries aussi qui a lieu avant l’ouverture du carnaval désignant parmi une douzaine de jeunes filles celle qui fera le Vol de l’ange au dessus de la place St-Marc. Pour franchir le grand canal un seul pont, le Rialto qui relie le quartier de San Marco à celui de San Polo. Dans ses îles un dédale de ruelles et de canaux, parfois un secteur ressemblait aux portes de l’enfer digne de Dante, la rue non pavée, montante, traversant un cimetière rendant le lieu encore plus lugubre au soir tombant, passant près d’une église qui n’est une énorme bâtisse sombre dans cette nuit d'où l'on verrait surgir les fantômes des âmes qui l’ont fréquentées tout au long de sa vie. Hubert et Benoît passant un soir dans le secteur en eurent des frissons, l’atmosphère humide, fraiche, brumeuse rajoutait une pointe d’inquiétude à l’endroit. Pourtant pas sujet à l’effroi, ils ne pensaient qu’à regagner le quartier Saint Marc, la barque qu’ils avaient loué était là à les attendre. Cette ville les fascinait, sa richesse architecturale, ses églises, basiliques en grand nombre, ses tavernes. Les fantômes des Doges passent sur les murs du Grand Canal. C’est surtout le soir aux couleurs du couchant que l’on peu les apercevoir, il suffit d’avoir un œil attentif. Toutefois, il y eu un comme un aimant qui les attirait vers ce quartier lugubre, ils s’y perdrons plusieurs fois si l’on peut dire cela de cette façon, de jour comme de nuit. L’endroit semblait à l’abandon, il y aurait comme un maléfice que cela ne semblerait pas étonnant. Les pierres tombales étaient dans un grand désordre, rare sont celles qui restent bien dressées vers le céleste, l’abîme les attire bien plus, certaines ont déjà glissées vers leurs locataires, d’autres telles des gueules ouvertes donnaient un spectacle inquiétant, c’est tout juste si l’on ne pouvait pas voir surgir les trépassés de ces portes improbables. La fascination à fait place à une certaine fascination, Malvoisin les accompagnât un soir lors d’une de ces visites. Il n’avait pas le même engouement, juste une curiosité suite aux descriptions par ses deux compagnons de voyage. 


dimanche 5 mai 2013

Je lève le voile sur la deuxième partie.


 
Facel-Vega
photo du net



                                                       DEUXIÈME PARTIE

                                            Contemporain






                                                      I
                                    « Au croisement des vies. »

 Je me réveillais dans cette voiture, une Mercédès conduite par Jérôme Malvoisin. A ses coté sur le siège passager Franck Meunier, éducateur sportif à l’I.N.S, branche escrime. Sur la banquette arrière Benoît Chaudeur et moi Hubert de Pompiac. J’avais dormis depuis Paris, nous arrivions aux abords de Troyes, nous étions en route pour Berlin.
 J’avais rêvé, mais pas n’importe quoi, pas quelque chose d’improbable, c’est un long cheminement, de croisements, de séparations, d’oublis. Le hasard de la vie, hasard je n’en suis pas certain, plutôt le destin dans sa réalité.
                                                            --------------
  Au bahut je rencontrais Benoît, son nom résonna dans ma tête quand ses amis l’interpellaient. Je me rapprochais de lui peu de temps après qu’il ai fini sa conversation avec eux.
– Bonjour… je me présente, Hubert de Pompiac…
 Il ouvrit tout grand ses yeux, l’étonnement se lisait sur eux, dans eux, il sourit, me serra la main fermement, chaleureusement, il m’étreint aussi.
– Ah !... Ça c’est extraordinaire, une heureuse rencontre, il n’y a pas à dire…
– Oui, quand j’ai entendu ton nom, j’ai sursauté et en quelques secondes les liens qui unissent nos familles, l’histoire parallèle…
– C’est une longue histoire en effet…
– Elle commence avec ce grand tour au 18èmesiècle, la révolution, la guerre de 1870, la grande guerre du début du siècle, la résistance… et là… nous retrouver, vraiment c’est étrange, c’est comme si les âmes de ton ancêtre, celle du mien, nous poussaient à garder cette amitié au travers des siècles.
– Oui, c’est un parcours hors normes.
– Benoît, que fais tu ce soir ?
– Rien de particulier, hormis le travail sur les sujets du jour.
– Viens à mon appartement, nous les ferons ensemble et évoquerons ces souvenirs.
– Avec plaisir.

 
photo de moi.

samedi 4 mai 2013

Benoît et le grand tour (74)

  


Renseignement prit, dans cinq jours un navire partira pour la cité Phocéenne, en accord avec le médecin, il restera en convalescence à l’hôpital. Nos amis en profitèrent pour aller à Florence, ils la visitèrent, le Duomo, le palais des Médicis, la statue du David de Michel-Ange trône sur la place, ils s’abreuvèrent de l’art de la renaissance, l’ombre des Médicis plane, leur parfum passe dans les rues, sur le pont galerie enjambant l’Arno, c’est une ville impressionnante, ici les anglais sont en extases, les français un peu moins, ils ne la boudent pas, mais l’architecture semble austère à leurs yeux, et puis ils ne trouvent pas ce qu’ils cherchent, les plaisirs, celle de la table rien à redire, celle de la chair, la ville semble puritaine. Heureusement que deux jeunes garçons à l’allure du David serviront de guide pour nos participants au grand tour. À l’ombre de regards inquisiteurs, ces guides furent récompensés comme ils l’espéraient, bien sur en quelques pièces mais aussi en nature, même Malvoisin goûta à ces jeux. L’avant veille du départ ils retournèrent à Pise auprès de Meunier, le lendemain ils l’accompagnent à Livourne, une nuit en auberge sur le port, puis c’est l’embarquement, nos trois amis lui confièrent le courrier effectué depuis leur passage à Marseille. Son voyage une fois débarqué à Marseille continuera par voie fluviale vers Chalons, le Rhône, et à Lyon remonter par la Saône, c’est enfin par voie carrossable qu’il finira son parcours vers le nivernais. La fin de voyage sera supportable la route étant une artère refaite. Le navire quitte Livourne, ils le suivent s’éloigner, les voiles disparaissent à l’horizon, nos amis repartent pour Florence, ils retrouvèrent les jeunes guides, Benoît en pris un comme modèle, redessinant le David dans la nudité du garçon. C’était la dernière nuit à Florence, nuit chaude si il en fût dans tous les sens du terme. C’est quand même avec un certain regret qu’ils quittèrent la cité des Médicis, Florence n’est pas attirante pour les français et pourtant eux l’avaient aimé. Ils partent vers ce qui attirent les compatriotes, Venise. La route sera longue, Bologne, Ferrare, Venise où ils pourront comme il se doit jouir de la vie des Vénitiens. L’été trainait ses derniers jours, il n’avait pas envie de quitter le calendrier, il pensait que son pouvoir pouvait s’étendre vers les autres mois qui suivent sa transhumance, mais la couleur des vignes, forêts changeait. L’automne installait ses marques, lui faisait un croche pied, allez l’été retire toi, tu n’as plus ta place, c’est à moi le printemps de l’hiver de mener la danse, déployer mes couleurs. Revers de la médaille, c’est aussi les pleureuses du ciel qui abattent leurs larmes sur la terre. Venise sera une ville étape, longue, comme l’avait pressenti Malvoisin. Les amateurs de grand tour du continent Européen se retrouvent ici à Venise pour sa débauche, c’est même un but inavoué des jeunes de la noblesse de tous pays.



vendredi 3 mai 2013

Benoît et le grand tour (73)

 
Deux routes s’offraient à eux, deux anciennes voies Romaine, la voie ‘Cassia et l’Aurélia’. La ‘Cassia’ passe  à l’intérieur des terres, mène directement de Rome à Florence, la voie ‘Aurélia’ longe la côte, bénéficiant de la douceur marine et dans ces chaleurs elle est la bienvenue, outre son nom évocateur de l’empereur philosophe stoïcien, ce n’est pas un hasard !, Rome, Pise, rejoindre Florence par une autre route.
On ne peut pas dire que les voyages sont sans embuches, bien souvent du au matériel, aux chevaux, voir les passagers eux-mêmes, les aléas de la chaussée. Les hommes aussi sont des dangers pour les voyageurs. Il n’est pas rare de ce retrouver occis pour être dévalisé de quelques menues monnaies, bijoux. Pise est la dernière étape avant Florence, ils sont entrés en Toscane dont ils commencent à apprécier les paysages. Bientôt la ville arrivera à eux. Un virage sur le parcours, d’un côté une forêt drue, de l’autre le contrefort de la colline, c’est de la forêt que surgit le danger, des malfrats passent à l’attaque, l’effet de surprise est à leurs faveurs, nos amis réagissent très vite, coups de feu des pistolets, Malvoisin joue du fusil et de son fouet, cela sème une panique chez les assaillants qui ne s’attendaient à cela. Malgré tout le carrosse est arrêté, Benoît sort de l’habitacle l’épée à la main et poursuit l’œuvre de déstabilisation, Meunier le suit et tire de ses pistolets, un assaillant tombe à terre touché en pleine poitrine, c’est alors qu’une lame se plante dans son dos, Benoît ne pu éviter le coup sur lui, il transpercera le brigand de son épée en l’enfonçant dans son ventre. Hubert et Malvoisin finirent de les mettre en déroute, la colère comme alliée, décuplant les forces.
– Il n’y a pas que sur le sol français que l’on est dans ce genre de situation, dit Hubert.
 Benoît se penche sur le précepteur, il est inconscient, le dos ensanglanté, heureusement la lame n’a pas touchée l’axe vital, il déchire les vêtements, retire l’épée, avec des lambeaux de la chemise il fait une compression et la ligote. Aidé de Hubert et Malvoisin ils l’installent sur une des banquettes et partent pour Pise. A l’Hôtel Dieu de la ville ils le déposent, les soins lui seront appliqués. Le séjour dans cette belle ville à la tour penché, le campanile de la cathédrale, elle penche depuis l’origine de sa construction. Le séjour au lieu d’être d’une journée ou deux, sera bien plus long que prévu. Au quatrième jour, le médecin dit que l’état de Meunier ne présente plus de risque, seulement il lui est impossible de continuer le voyage, les secousses dues aux voies carrossables ne permettant pas de finir la cicatrisation dans de bonnes conditions. Hubert se renseigne auprès de lui pour savoir si son rapatriement par voie maritime pouvait s’effectuer. Le médecin fût affirmatif dans ce choix. La décision était prise, le port de Pise n’est plus ce qu’il fût, aussi c’est vers Livourne qu’il fallait se retourner. 

jeudi 2 mai 2013

Benoît et le grand tour (72)

Disons que la monnaie contribue au plaisir! encore que cela ne se vérifie pas pour toutes les relations. Qu’à cela ne tienne, tout le monde sera heureux des rencontres et des jeux de la bête à deux dos. Il va sans dire que les jeunes garçons penchaient vers des jeunes filles à l’aspect propre et relevant d’une certaine hygiène, c’est que ce retrouver défiguré par la grande vérole était plus rapide que les bienfaits du crédo des Saintes écritures. Malvoisin et Meunier n’en étaient pas moins vigilants, et d’être avancé dans l’âge leurs procuraient une certaine sagesse, qu’ils ont du transmettre aux deux jeunots. Courant le jupon, c’est une rencontre bien étrange qu’ils firent en visitant l’église Saint Louis de France, incontournable visite pour chaque français dans cette ville, voulant ou pas assister à un office religieux. Ils étaient présent à la fin d’une de ces messes du soir, ils visitèrent l’église, ses tableaux, c’est en sortant sur le parvis qu’ils sont interpellés par deux jeunes séminaristes. Es-ce l’aspect de la robe !, en tout cas ils sympathisèrent, avec un certain humour, l’un des séminaristes demanda si ils n’avaient pas quelques péchés à confesser. Hubert et Benoît d’abord surpris eurent un regard complice, d’ailleurs partagé par les deux séminaristes.
– Ma foi, c’est bien possible, nous ne sommes pas des saints
– Suivez nous dans notre confessionnal.
La soutane abrite bien des surprises, ils en firent connaissance dans la nuit tombée sous le porche d’une ruelle en impasse vers un parc. Les séminaristes avaient absous les péchés de nos amis de leurs goupillons. Ils disparurent aussi vite qu’ils étaient venus laissant les compères encore ahuri de ce qu’ils venaient de vivre, je passerais l’autre face où la robe remontée sur les épaules, ils invitèrent les amis à une visite particulière. L’air hébété, ils cherchaient l’issue à la situation, quelques minutes pour reprendre leurs esprits, se regardant, en remettant de l’ordre dans leurs affaires, dans tous les sens du terme. Ils retrouvèrent le chemin de l’hôtellerie qui abritera ce secret. Le surlendemain, quittant Rome pour Florence, ils reconnurent en civil les deux ‘vieilles connaissances’ de la ruelle, l’un deux lança en les voyants passer.
– Le port de la soutane n’était pas fait pour nous…
  Ils resteront quand même dans la ville pour y vivre leur nouvelle vie, le sacerdoce ne correspondait pas à leur devenir. Au passage ils souhaitèrent une bonne route.

 
Photo du net



mercredi 1 mai 2013

Benoît et le grand tour (71)

 


                                                                  VII
     « … On emporte avec soi ce à quoi on tente d’échapper. »
                     Enrico Remmert.

  La route est reprise, nos amis dans leur carrosse prennent la ‘Via Popilla’ et à Capoue la ‘Via Appia’ ou du moins leurs descendantes. Quitter Naples se diriger vers la ‘Via Popilla’ et monter vers Capoue, long et périlleux, c’est plus sur leur garde que ce fit ce cheminement, pistolets, fusils (dont ils firent l’acquisition) et bien sur les lames ‘aiguisées’ étaient leurs meilleurs alliées. Le quidam, sans être amis des brigands, n’en était pas moins d’hostile personnage. – « Si au moins je pouvais détrousser un de ces voyageurs, cela ferait l’affaire de la famille », c’est souvent une pensée non entendue, mais perçut, alors prudence, d’ailleurs les regards ne trompaient pas sur le sujet. A Capoue, dans l’hostellerie, le grabuge fût de justesse évité, des uniformes de la maréchaussée locale calma les ardeurs belliqueuses de certains résidents des lieux. La nuit ils barricadèrent la porte par sécurité, au matin nos amis ne s’attardent pas dans ce monde peu conviviale. La route vers Rome reprenait sur l’une des voies Romaine les plus célèbre. Alors que Meunier faisait son travail d’éducateur, Benoît s’absenta; ce n’est pas qu’il quitta l’équipage; son esprit prit le large, il se retrouvait sur un char dans la posture d’un consul qui montait triomphant vers la capitale de ce vaste empire.
– Alors Benoît !..., on rêve, lâchât Hubert.
 Le jeune homme rosi, baissa les paupières en signe d’approbation, mais garda son rêve pour lui. Hubert l’avait sans doute deviné en écoutant Meunier, il percevait la même chose. « Ils ont encore leurs âmes d’enfant, pensa le précepteur ». C’est bien là tout le charme de ce voyage. Rome ouvra grandes ses portes, Rome la céleste, Rome tout auréolée des vestiges de son flamboyant passé. Ils trouvèrent le refuge non loin du Colisée, ce qui pour Benoît lui convenait plus que la protection de la basilique Saint-Pierre. Une petite semaine à arpenter dans une fournaise les rues de la ville, déposer les pieds dans le Colisée, déambuler dans les ruines du Forum et autres temples, entre une partie des murs du Vatican, dans divers églises, musées, profiter de la douceur des soirs sur des places, déguster la volupté des repas dans des auberges et celles de quelques filles en mal d’amour, ou plutôt à la recherche de  plaisirs, encore que le terme est plus dans l’ordre des mots qui sont ici couché, celui de ce siècle, que du côté du 18èmesiècle, c’est plus reconnu pour l’homme qui est en sa quête que la donzelle qui lui offre.