mercredi 30 octobre 2013

Benoît et le grand tour (88)

 

Ayant quitté Vienne dans la mâtinée pour visiter les terres extérieures en compagnie de Malvoisin et d’un homme d’une trentaine d’année passée fils d’une noble famille ayant ses entrées à la cour impériale. Ils parcoururent quelques lieues hors de la ville à dos de cheval, le temps était au beau, une brise légère portait la douceur des effluves que la nature offre à ceux qui savent s’en imprégner, cela augmentait la bonne humeur de la chevauchée.

Le clocher d’un bourg annonçait la mi-journée, une auberge à deux pas de chevaux fera l’affaire pour couper le rappel à l’ordre qui résonne dans l’estomac des baroudeurs. Le patron des lieux les installe à une table, Benoît lève la tête, il réagit à un accent qu’il ne lui est pas inconnu. Un jeune couple français, provenant sans doute de la région Bourguignonne. La jeune femme, bien ronde, semblait attendre un deuxième enfant. Un gamin d’environ quatre ans était en leur compagnie et naviguait entre les tables de l’auberge, le père le rappelait de temps en temps et ne semblait pas très content de le voir évoluer ainsi, il le surveillait comme on surveille le lait sur le feu. Deux soldats et un civil, apparemment un juriste étaient là aussi à les entourer et déjeuner ensemble, ils bavardaient de leur destination. Benoît glissa quelques mots à l’oreille de Hubert en les désignant du regard. Le marquis ne manqua pas de satisfaire la curiosité qui les habitait… Que vient faire ici ce jeune couple ?… Il alla à leur table, se présenta et désigna ses compagnons, un échange de salut des deux tables.
- Venez vous joindre à nous, vous finirez vôtre repas en notre compagnie et l’on échangera des nouvelles du pays.
 Le couple, heureux de trouver des voyageurs de la même origine qu’eux, accepta l’invitation, les soldats et le civil furent aussi du partage. Il répondait à l’appel de Marie-Thérèse l’Impératrice, il allait s’établir du coté de Innsbruck. Leurs parents Huguenots avaient quitté la France pour s’établir en Prusse.
- Mais comment vous sentez vous en tant que Huguenot dans un pays dont la religion est plutôt vaticane.
C’était un paradoxe pour Benoît.
- Nous ne partageons pas l’esprit Calviniste ou Luthérien, nous sommes plutôt catholique… nos parents nous ont un peu rejeté ! et nous avons entendu l’appel de l’Impératrice d’Autriche, ainsi sommes nous ici pour ne plus avoir à supporter les reproches.
Plus la discussion avançait, plus Benoît avait la conviction que ce couple frisait plus l’athéisme que l’esprit religieux, il faisait bonne figure pour se fondre dans un autre monde.



mardi 29 octobre 2013

Benoît et le grand tour (87)

  La route est dégagée, elle s’enfonce vers la plaine et glisse lentement en direction de Vienne. Ils croiseront de nombreux migrants escortés d’uniformes et de juristes qui leur délivreront les terres à travailler. Ils croiseront aussi quelques belles filles à la poitrine généreuses, au corps charnus, se laissant à remonter robes ou tabliers  permettant à nos jeunes amis de continuer une chevauchée fantastique, loin de celle chaotique parcourue durant la journée. C’est ainsi, que doucement, gentiment, surement, ils arrivèrent dans la capitale Autrichienne.

 Installé dans une hostellerie non loin du palais Hofburg, ils sont au cœur de la ville dont ils peuvent voir encore les stigmates du siège Ottoman au siècle dernier. Leur première visite sera pour l’église St-Pierre dont la construction de style Baroque a été effectuée sur le socle de son ancêtre fondée en l’an huit cent par Charlemagne. Elle subira moult transformation, c’est à Gabriel Montani, architecte italien, que l’on doit les plans de l’actuel édifice, modifié par la suite par Johann Lucas Von Hildebrandt, elle sera achevé en 1722, sa forme ovale rappelle la croix grecque lui donnant cette originalité. Elle abrite des chefs d’œuvres dont une sculpture de Lorenzo Mattielli, le martyre de St-Jean faite en 1729. Devant toute cette richesse, ils resteront en béatitude. Immanquablement leurs pas les mèneront à la cathédrale Saint-Etienne où repose les viscères des Habsbourg. La construction de ce monument religieux demandera 126 années de savoir faire dans le plus pur style gothique. Elle subira de nombreux outrages dont un incendie qui la fera s’agrandir, pire encore peu avant son achèvement son bombardement par les Ottomans en 1575. Flanquée de deux petites tours sur son portail et de grande flèche en font son originalité. Proche du palis de la Hofburg, l’église des Capucins, consacrée en 1632, est le lieu où les Habsbourg reposent dans la crypte sur décision de Ferdinand II d’Autriche.