vendredi 4 novembre 2016

Demain-- 1

 
Merci à l'auteur-e de l'image.

            
Le loup cessa de hurler, la lune se cachait dans l’épaisseur des nuages qui s’amoncelait dans l’éther de la nuit.
  Les villageois, que les hurlements empêchaient de trouver le sommeil, se disaient « enfin, le repos, mais qu’est-ce qu’il a hurlé comme cela »
  Un peu avant entre chien et loup, Thomas l’agriculteur se leva, il alluma, en effleurant le mur de sa main, l’écran géant. Le président de l’Europe Unie parlait. Thomas resta un instant muet, ce n’est pas dans la norme que le président parle de bon matin. En principe, il parle le soir ou parfois en journée devant des journalistes, mais là, en directe, hum ! que ce passe-t-il ?
Les propos devenaient clairs dans la tête de l’agriculteur, ils n’étaient pas rassurants, des bruits de bottes, l’ombre d’un conflit majeur était imminente.
 Azur, le chien berger se lève, s’étire, se frotte à son patron. La main de thomas se veut rassurante en caressant son dos, son échine, sa tête.
 Mais Azur se trouve inquiet, quelque chose l’agite. Ce ne sont pas les propos du président, amis bien autre chose qui l’agite, il est nerveux.
 Thomas, un verre de café dans une main, ouvre la porte de l’autre, azur sort avec lui et garde son air agité, thomas scrute l’horizon depuis son promontoire, la clarté du jour brille sur l’océan.
 Le spectacle de l’océan lui glace le dos, thomas semble pétrifié.
 Plus loin, dans l’agglomération, la ville métropole, des sirènes inhabituelles rugissent dans les artères. Les haut-parleurs crachent l’invitation aux habitants de quitter la ville au plus vite et sans panique. Dans les appartements, les lumières brillent, les gens s’affairent, prennent le strict minimum, les papiers les plus importants, coupent les arrivées de gaz, les compteurs électriques et sortent dans les rues, prennent la direction qui leur est indiquée.
Gagner des hauteurs au plus vite.
 Thomas se précipite dans la ferme, réveil sa femme et les enfants. Il faut s’habiller au plus vite. Il faut confectionner un balluchon avec des draps et couvertures, quelques effets, ne pas s’encombrer de choses inutiles et fuir.
 Thomas, pendant ce temps, libère les ovins, les bovins, les porcs, il ouvre le poulailler, les palmipèdes, et autres volailles n’en demandent pas tant, tous les animaux sont nerveux, et s’affolent dans leur liberté. Thomas, garde deux chevaux, sur lesquels il installera ses enfants et les balluchons, une vache et une truie décident de suivre la famille.
 Ce convoi hétéroclite quitte la ferme en direction de la montagne. En traversant le village, Thomas et sa femme alertent les habitants du village du danger qui arrive sur eux.
   Sitôt dit, les gens évacuent le village en suivant peu après les traces de la famille de Thomas. Dans la plaine, des troupeaux d’animaux vont en tous sens et finissent par suivre une route qui les éloigne du danger.
 C’est à cet instant, thomas comprit le sens des hurlements du loup dans la nuit, il appelait sa meute pour échapper au désastre.
  Ils ont bon tendre l’oreille, plus de chants des oiseaux, ils sont loin.
 L’océan, la vague, dix fois, vingt fois plus haute que d’accoutumée avance inexorablement vers cette terre. L’abri de la  montagne est encore à une heure de marche, il ne faut pas perdre de temps. La vague avance suivit d’autres encore plus hautes.
 Ce petit groupe arrive au pied de la montagne, commence son ascension par des sentes de muletiers. En se retournant, il voit la fuite du village, au loin, dans la plaine, d’autres fuyards en véhicule allant vers la ville.  Les animaux ont choisi le chemin des hauteurs, pas le même que celui des hommes, mais ils ont l’instinct de survit.
 Déjà un bon dénivelé de fait, la pause, il faut y penser, Thomas, ayant emporté ses jumelles, scrute l’horizon, l’océan arrive sûr des îles qu’il connaît bien. Comme une bouche d’ogre, l’océan les avale, les englouties, ses pensées se tournent vers les âmes qui en habitaient certaines, il les connaissait bien.
 Les enfants, plus ou moins endormis, ne comprenaient ce qui se passait derrière eux.
 Pourquoi ne nous a-t-on pas prévenus, pensait Thomas.
– Tout est fini, dit Thomas à sa femme, nous ne verrons plus le pays, nous ne le verrons plus. Les yeux humides, serrant les dents, nous ne verrons plus la maison des anciens, nos terres, qu’allons-nous devenir et surtout les enfants.
 Sa femme ne répondait pas, elle pleurait en silence.
– Il faut nous ressaisir, dit Thomas, pourtant dans le désarroi.
– La terre se venge de nos anciens du début du siècle, manquant à leur devoir d’hospitalité. Dit sa femme en reniflant sa peine.
– Peut-être as-tu raison, pourtant tout le monde ne rejetait pas les migrants, tu en es la preuve.
 Le silence reprit et la marche aussi. Il fallait aller encore plus haut.

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